Parole d’expert : l’exploitation d’un réseau privé de gaz et ses défis.

Qu’est-ce qu’un réseau privé de gaz, et où se trouvent-ils ?

S.B : "Le réseau privé gaz commence à la sortie d’un poste de livraison d’un réseau de distribution ou de transport de gaz, jusqu’à l’utilisation finale du gaz, principalement pour des process fonctionnant à haute température comme des fonderie, cristallerie... Ce poste de livraison, majoritairement sous la responsabilité du distributeur de gaz, sert à abaisser la pression du gaz et à la maintenir constante, quel que soit le débit. Un système de comptage et de télérelève y est également installé.

Le gaz peut circuler à différentes pressions suivant les types de bâtiments ou de processus et repose sur une infrastructure identique celle utilisée sur le réseau de distribution, mais à une plus petite échelle. Il peut être enterré ou aérien."

Quel sont les enjeux de formation et compétences pour les exploitants de réseau privé gaz ?

S.B : "L’enjeu principal de formation, c’est de transmettre aux stagiaires toutes les compétences nécessaires pour avoir un réseau privé sécurisé. Cela inclut la connaissance des caractéristiques du gaz et des risques associés, les bons réflexes en cas d’odeur de gaz, ainsi que la capacité à effectuer la maintenance du réseau conformément aux normes en vigueur (NF EN 15001-2 et NF EN 1775).

Une maintenance correctement réalisée comprend plusieurs actions essentielles : la maintenance des robinets et des postes de détente, le contrôle des protections cathodiques s’il y en a, le contrôle d’étanchéité du réseau, ainsi que la vérification de la combustion si des brûleurs sont utilisés. La mise en gaz et la mise hors gaz doivent également être maîtrisées, tout comme les procédures de contrôle associées.

Dans les usines de taille moyenne, il y a souvent un manque de sensibilisation sur les actes de maintenance obligatoires à réaliser sur un réseau gaz. Cette méconnaissance peut entraîner des lacunes dans la sécurité, notamment si certaines opérations essentielles ne sont pas effectuées, comme la manœuvre des robinets, le contrôle d’étanchéité ou la vérification des protections cathodiques.

Les industriels ont deux options pour la gestion de leur réseau privé : soit ils assurent la maintenance en interne avec un personnel correctement formé, soit ils font appel à des prestataires spécialisés. Dans tous les cas, des salariés doivent être formés pour pouvoir contrôler la qualité des interventions réalisées.

Avec une bonne compréhension de la réglementation existante et des exigences en matière de maintenance, les usines pourront sécuriser efficacement leur réseau privé de gaz et garantir une exploitation conforme aux normes en vigueur."

Quels sont les normes/réglementations à respecter ?

S.B : "Il existe deux normes principales à respecter pour l’exploitation de réseau privé gaz : la NF EN 15001-2 et la NF EN 1775. 
La norme NF EN 15001-2 décrit les exigences fonctionnelles pour mettre en service, exploiter et maintenir les installations industrielles de gaz avec une pression de service supérieur à 0,5 bar et les installations de gaz industrielles et non-industrielles avec une pression de service supérieur à 5 bar.
La norme NF EN 1775 présente les recommandations générales pour la conception, la construction, les essais, la mise en service, l’exploitation et la maintenance des installations extérieures.
Lorsque nous animons nos formations, comme le Z714-Exploitation et sécurité du réseau privé gaz naturel, nous nous basons sur ces deux normes afin d’apporter aux stagiaires les connaissances nécessaires sur les actes techniques à faire pour y répondre. Les normes s’appliquent du poste de détente, au contrôle d’étanchéité jusqu’aux différents actes de maintenances à réaliser sur un réseau."

Quelle est l’actualité/défi pour les exploitants de réseau privé gaz ? 

S.B : "Aujourd’hui, l’enjeu majeur pour les exploitants de réseau privé gaz est lié à l'efficience énergétique de leur installation pour des raisons économiques et écologiques. Les industriels peuvent gagner en efficience énergétique, et donc agir sur la décarbonation de leur activité, en maitrisant le comptage : la consommation, la puissance… La conversion de ces données (des mètres cubes en kilowattheures par exemple) permet aux exploitants de relier la consommation réelle de gaz à son équivalent énergétique, en favorisant une analyse plus approfondie des usages et de la gestion. 
Ensuite, la maîtrise des systèmes de combustion est essentielle. Certains exploitants mettent déjà en place des améliorations visant à optimiser les rendements, réaliser des économies de gaz et réduire les émissions de CO₂. Le contrôle du rendement énergétique et l’ajustement des installations permettent ainsi d’optimiser l’utilisation du gaz tout en s’inscrivant dans une démarche de transition énergétique."